Jack in a box ou ce qui aurait pu être (cadeau pour une fée au coeur couleur cyan)

Beaucoup s'en doutent depuis un bon moment.
D'autres se le cachaient pour y croire encore.

On a tenté plusieurs manoeuvre de réanimation?
Massage cardiaque, insufflation, et autre tripotage peu courtois.

Rien n'y a fait.

On s'est fait beaucoup de mal ces derniers temps.
Beaucoup de mal a s'acharner.

Le concept de Munuroe avait un potentiel, mais nous, avions nous vraiment la compétence …

Je repensais à ce que quelqu'un nous a dit en claquant la porte. D'ailleurs, un écho s'est glissé par la fenêtre après son départ en haussant les épaules et en dandinant du cul : Nous sommes fragiles et vacillants comme la flamme d'une bougie, trop instables pour qu'on y consacre son énergie créatrice.
C'est difficile de répondre à un écho. ça vient de loin, c'est aussi franc qu'un …

Jack in a box ou ce qui aurait pu être (cadeau pour une fée au coeur couleur cyan) Jackjpg

Il se réveille avec les articulations douloureuses. Comme chaque soir.
Il se lève, s'enveloppe dans sa robe de chambre. Il a beau être aux enfers, il a toujours froid.
Il attrape avec un bâillement la tasse de thé qui lui tend un diablotin obséquieux.

Une nouvelle nuit qui s'annonce, une nouvelle soirée à tenter de détruire ce monde.

Une douche de magma rafraichissante, un savonnage aux orties et le voilà d'attaque.
Il s'habille, costume impeccable, pochette assortie à la cravate, gilet de soie. Il a toujours pris soin de sa personne. Pas comme l'autre ruffian.

Une seconde tasse de thé, et il est prêt à haranguer ses troupes.

Appuyé sur sa canne, il contemple la horde amassée à ses pieds, éructante, bavante, hurlante..
Quels barbares ces démons... Toujours la queue brandie, la gueule écumante... Aucune subtilité...
Mais bon, on fait avec ce qu'on a...
Il s'en sert comme chair à canon, ou pour rappeler, parfois, sa présence aux voisins du dessus. Lui, il préfère les complots, les manipulations, agir dans l'ombre. Calme et méthodique... Pour dire vrai, il juge ceux du rez de chaussée plus intéressants... Si fragiles, si prompts à aimer, haïr, croire... L'instrument idéal pour détruire le Vieux et son fiston chéri.

Un soupir. Pourquoi, alors qu'il est si intelligent, élégant, cultivé, sérieux et travailleur, s'est-il trouvé relégué dans cette obscure administration souterraine ?
A l'école, ce n'était que félicitations sur son bulletin, que des « bravo, continuez ainsi ».
Et pour quoi, au final ?
Il se souvient. Il court, brandissant le bulletin, vers son père affalé dans son canapé devant une émission de télé-réalité (source d'idées et d'inspiration selon lui). Il est premier de la classe, il est fier, il a tellement transpiré pour réussir, même en sport où ce trimestre, c'était pourtant initiation au rugby...
Il se cogne contre l'accoudoir, dans sa précipitation. Il reprend son souffle, jetant un coup d'oeil derrière lui. Son petit frère se traine, l'air à la fois maussade et rebelle. Vu le bulletin, on comprend.. Que des avertissements, plus un conseil de discipline prévu...

Il tend, tremblant, son bulletin vers son père. D'habitude, c'est sa mère qui les signe et le complimente, mais là, ce soir, c'est les vacances et il est donc en séjour chez son père... Et avec son cadet.

Le père attrape le papier d'un main, y jette un oeil négligent tout en matant les bimbos qui se trémoussent sur l'écran.
« c'est pas mal... continue... »
Voilà.. C'est tout... Pas de félicitations, pas d'encouragements, pas une petite lueur de fierté... Peut être n'est-il pas du genre expansif ?
Le frère arrive, trainant les pieds. Tend son bulletin d'un air rageur sous le nez du paternel, prêt a faire une crise ou un caprice.
Lecture attentive.
« Rhooo... Attentat à la pudeur sur la prof de chimie ? Quand même... T'exagères...Ah ah ah.. Ivresse en cours de maths ? Sacré galopin !! Ah làlà... Toi hein ! T'en fais des conneries! Sacripant! »
Et là... on la distingue cette damnée lueur, cette fierté dansante qui tente de se dissimuler derrière un rempart de pseudo remontrances...
Alors, il range soigneusement son trophée ridicule dans son cartable, bien glissé dans la pochette, puis repart dans sa chambre. Etudier. Que faire d'autre ? Il a l'impression que ces vacances en compagnie de son frère et de son père vont lui paraître bien longues...
Et pourtant,... Il voulait si bien faire....

Alors, il va bien faire. Il va leur montrer. A quel point il peut être excellent...

Il commence à organiser son armée, affectant les missions quotidiennes à chacun.
Les tentateurs et leur calepin de pactes présignés, les succubes et les incubes, les cauchemars, les remords et les regrets, les petites lâchetés accompagnées des grandes perfidies, les renoncements et les abandons... Ils sont tous là. Prêts à semer malheur et désolation.
Une bien belle soirée qui commence.