La chronique du Dr CPJ - C'estPasJust, chronique informative et politiquement incorrect.
Mar 8 Déc - 21:18 par Dr CPJ
Je repensais à ce que quelqu'un nous a dit en claquant la porte. D'ailleurs, un écho s'est glissé par la fenêtre après son départ en haussant les épaules et en dandinant du cul : Nous sommes fragiles et vacillants comme la flamme d'une bougie, trop instables pour qu'on y consacre son énergie créatrice.
C'est difficile de répondre à un écho. ça vient de loin, c'est aussi franc qu'un …
Une chambre sans intérêt, un hôtel de passes, le fond d’une ruelle crasseuse.
Sur la petite table qui sert de chevet, une petite lampe obstruée par un foulard de mauvais goût. La pénombre soulage la première fois, la fois suivante, ce sera la nuit dans la chambre, l’envie de vomir sur le tapis. Sur la petite table à coté de la lampe, deux ou trois capotes éparpillées, l’air de rien, juste au cas où. Ça fait sérieux, ça fait propre, ça fait dans le coup. Le mec qui se prend pour un mec, un vrai, sincère et responsable, et qui finira par coller son ventre contre le sien, à enfoncer sa sincérité en elle, dans son ventre, déchirant sa première fois.
A coté du lit, un vieux tapis rouge usé, râpé. Une paire de rideaux sur la fenêtre, pour qu’elle ferme les yeux sur un mauvais film, une série Z aussi médiocre que le brouillard sur un canal EDF, qui restera longtemps coincée dans la gorge, comme cette envie de gerber qui ne lâchera pas de si tôt.
Dehors, de l’autre coté de la fenêtre, la rue qui baise avec la nuit, le chant des absolus, la trace de peinture sur le ciment d’un mur. L’odeur qu’elle n’oubliera jamais, le souvenir de cette trace sur le mur, les pas qui résonnent dans la nuit, la porte qu’il pousse, l’ourlet de son pantalon qu’elle fixe aveuglément. C’est pas le bout du monde, juste un sale temps, l’entrebâillement de la porte pour un sourire de trop, l’aigle noire qui passe. Dehors, il pleut sur la nuit.
Au fond d’une ruelle, au fond d’un couloir sale où l’ampoule clignote. Au fond d’un lit aux draps râpeux qui grince aux coups de boutoir contre la ferraille d’un vieux sommier. Elle ferme les yeux quand lui se croit un homme, elle ne les ouvrira plus jamais comme avant. Lui, savoure sa victoire au creux des reins de celle qu’il convoitait, jusqu’à la suivante, la prochaine, la liste est longue, c’est pas les proies qui manquent. La naïveté traîne parait-il dans les beaux décors, et c’est dans une chambre minable qu’elle se perd.
Demain, elle aura mal au cœur, elle se croira belle et se dira que ce sera mieux la prochaine fois.
Demain…
Fini les beaux discours, ceux qui font du bien dans la tête, qui font sourire et rire presque complice. Fini la gentillesse enrobée d’une feutrine colorée, parfum bon marché pour petite conne crédule.
Demain, elle attendra les belles phrases, les mots qui lui tenaient chaud encore hier. Elle restera à attendre, à guetter celui qui l’a prise comme on prend un objet, volé. Elle sera vieille, demain. Plus seule que jamais Demain.
Arlequin
Age : 45Gang : Les Paillard du désert Race : ZumainDate d'inscription : 17/07/2008